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Sur le départ
3 octobre 2017

Azote : une ressource vitale devenue surabondante

L’élément chimique azote (N) est un besoin élémentaire de tout organisme vivant : essentiel à leur croissance structurelle et à leurs métabolismes, il entre dans la constitution des acides aminés et des protéines, des vitamines, mais aussi et surtout de l’ADN. C’est un composant clé de l’atmosphère terrestre dont 78% sont composés d’azote gazeux (N2). L’azote atmosphérique est inoffensif parce qu’il se présente sous une forme chimiquement stable. On peut même affirmer que tout ce que nous connaissons dans la nature n’est possible que grâce à la stabilité de l’azote gazeux dans l’atmosphère, caractéristique d’une Terre « normale ». Une proportion relativement faible d’azote existe sous des formes réactives susceptibles d’être utilisées par les organismes vivants. Lorsque l’azote n’est pas disponible dans des proportions adéquates par rapport aux autres éléments essentiels, les organismes ne peuvent tout simplement pas se développer. On peut dire que la composition d’une grande partie de la biodiversité terrestre du globe s’explique elle-même par la disponibilité limitée d’azote réactif. Dans le cas d’un apport massif d’azote dans un écosystème naturel, le plus souvent imputable à des épandages d’origine agricole, les espèces capables d’assimiler rapidement l’élément N et celles qui sont tolérantes aux acides se trouvent en effet favorisées. Certains organismes profitant davantage de la présence de nutriments que d’autres, les écosystèmes ne tardent alors pas à évoluer. C’est ce que nous observons dans les lacs où la prolifération d’algues coïncide avec la disparition des grandes plantes aquatiques. La production et l’utilisation des engrais modernes ont pour effet de convertir plus d’azote atmosphérique en formes réactives que l’ensemble des processus terrestres du globe réunis. Or la majorité de cet azote réactif nouvellement produit est rejetée par inadvertance dans l’environnement au lieu d’être absorbé par les cultures. Conséquence, lorsque nous convertissons (ou « fixons ») de l’azote atmosphérique en grande quantité en dehors du pool naturel d’azote réactif circulant au sein des écosystèmes de la Terre, nous interférons avec les conditions normales prévalant sur la planète. À l’échelle mondiale, les retombées négatives des flux azotés d’origine humaine sont de plus en plus flagrantes. Nombreux sont les seuils de la santé de l’homme et des écosystèmes (souvent interdépendants) à avoir été franchis à cause de la pollution causée par l’excès d’azote réactif : tel est le cas de la qualité de l’eau potable (rôle des nitrates) et de celle de l’air (smog, particules, ozone troposphérique). L’eutrophisation des écosystèmes d’eau douce et littoraux (zones mortes), le changement climatique, ou encore l’appauvrissement de l’ozone stratosphérique viennent aussi s’ajouter à la liste des conséquences de l’altération du cycle de l’azote réactif par l’homme. Et le plus grave, c’est que chacun de ces effets écologiques peut être amplifié par le principe dit de la « cascade azotée », par lequel une seule molécule d’azote réactif enclenche une séquence d’impacts environnementaux négatifs dans le temps et dans l’espace.

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